L’Industrie 4.0 : de quoi s’agit-il ?
25 août 2020Un retour nécessaire sur le passé
L’humanité a d’ores et déjà connu plusieurs révolutions industrielles qui se sont étalées sur plus de 2 siècles :
La 1re révolution industrielle remonte au 18e siècle, avec l’exploitation du charbon et surtout la mise au point en 1769 de la machine à vapeur par l’Écossais James Watt. Cette invention va changer la face de la fabrication, avec l’introduction de la production mécanique et la création d’usines qui vont venir remplacer les ateliers artisanaux et les manufactures traditionnelles. Le savoir-faire manuel va être remplacé par les machines à vapeur, ces dernières permettant d’augmenter indubitablement la cadence : l’heure est aux productions en série.
L’utilisation du pétrole et de l’électricité signe la 2e révolution industrielle. Nous sommes à la fin du XIXe siècle et les méthodes de production se modernisent d’autant plus. Les secteurs de la chimie et de la construction automobile sortiront grands gagnants de cette période tandis que les usines troquent leurs machines à vapeur contre leur version électrique. Autres changements majeurs de cette époque : l’apparition du taylorisme et du travail à la chaîne. Le monde passe de la production en série à la production en masse, les ouvriers non qualifiés étant devenus plus « productifs ».
Concernant la 3e révolution industrielle, elle a commencé au milieu du XXe siècle. Électronique, télécommunication, informatique, les ouvriers sont pour beaucoup soulagés, tandis que d’autres secteurs adoptent joyeusement les facilités offertes, donnant naissance à des pratiques assez étonnantes notamment dans les telecommunications telle que la voyance par téléphone. ou encore la cryptomonnaie. Toutefois, cette 3erévolution reste encore aujourd’hui sujette à débat, puisque pour certains, elle date plutôt du début du XXIe siècle, grâce à la transition énergétique, l’utilisation des énergies propres et la mobilité des personnes et des biens.
Enfin, voici la 4e révolution industrielle dont on parle tant depuis quelques années maintenant. Cette période signe la fin de la production à la chaîne, remplacée par la création de produits personnalisés. Ainsi, l’industrie 4.0 voudrait vendre à chaque consommateur des produits uniques, qui leur ressemblent, transformant la réalisation de leurs envies et besoins en « expérience ». La 4e révolution industrielle est celle de la connexion émotionnelle entre le producteur et le client, connexion rendue possible grâce aux nouvelles technologies.
Industrie 4.0 : d’où vient-elle, que signifie-t-elle, comment s’applique-t-elle ?
C’est lors du Forum mondial de l’Industrie de Hanovre de 2011 que le monde a entendu parler pour la première fois de l’« Industrie 4.0 », le chiffre quatre ayant trait à la quatrième révolution industrielle. Elle était alors décrite comme une nouvelle manière de produire, capable de décupler justement la productivité de biens de meilleure qualité tout en réduisant les coûts et les temps d’arrêt. Comment ? Grâce aux technologies qui rendent les machines suffisamment intelligentes pour « dialoguer » avec leurs utilisateurs.
« À la base, l’industrie 4.0 consiste à surveiller et à contrôler en temps réel vos machines et votre équipement en installant des capteurs à chaque étape du processus de production », explique Pierre Cléroux, vice-président, Recherche et économiste en chef à Banque de développement du Canada (BDC).
Les principales applications de l’industrie 4.0
L’industrie 4.0 a pour vocation de venir en aide à tous les secteurs professionnels afin d’augmenter leur compétitivité et leur agilité. Aujourd’hui, on se rend effectivement compte que les technologies sont applicables partout, depuis les cuisines d’un restaurant en passant par des secteurs plus pointus. Cette révolution industrielle est volontiers décrite comme étant capable d’apporter des changements radicaux, voire salvateurs, par exemple :
L’Internet industriel des objets pour une surveillance en temps réel des équipements et des machines. En effet, les machines et équipements contenant des capteurs sans fil permettent une meilleure surveillance de la production tout en récoltant des données essentielles en temps réel. Les producteurs deviennent ainsi capables d’anticiper les besoins ou encore les erreurs à rectifier.
Les objets connectés (à internet) font sans doute partie des meilleurs représentants de cette industrie 4.0. : téléphones,lampes, thermomètres, matelas… tout objet peut être doté de capteurs capables de surveiller leur utilisation. Les professionnels peuvent quant à eux se servir de cette technologie pour un meilleur suivi client, innover, transformer leurs produits en services, etc.
Dans la même veine, les procédés intelligents permettent aujourd’hui aux machines d’analyser leurs propres données. Autonomes, elles peuvent ainsi prévoir les dates d’entretien, voire prendre rendez-vous pour l’intervention d’un technicien.
Une meilleure gestion des ressources. Pour continuer à se développer, à conserver leur position sur un marché concurrentiel, les entreprises industrielles doivent optimiser chaque poste de dépense, sans exception. L’industrie 4.0 leur permet d’économiser du temps et de l’argent en réduisant significativement les erreurs de données. Pour cela, elles peuvent désormais numériser toute leur documentation pour ne plus avoir à utiliser du papier.
L’industrie 4.0 signe-t-elle la fin de l’intervention humaine ?
« On entend souvent dans les médias que nous allons tous être remplacés par des robots d’ici cinq ans », explique Pierre Cléroux. « Ça n’arrivera pas. Cependant, la technologie ne cesse de progresser, et bien que les entreprises canadiennes aient encore le temps de s’adapter, elles ne doivent pas attendre trop longtemps, car elles risqueraient alors de manquer le bateau. »
L’usine du futur a, semble-t-il, pensé à tout, aussi, l’avenir professionnel de l’homme serait loin d’être menacé. Si l’introduction des technologies facilite de nombreuses tâches, l’industrie 4.0 prévoit également un modèle d’organisation formatrice pour les ressources humaines. Débarrassés des procédés de contrôle, avec plus d’autonomie managériale, les collaborateurs pourront participer concrètement à l’amélioration de leur entreprise. La quatrième révolution industrielle marquera-t-elle, enfin, l’avènement de la créativité individuelle au service de la collectivité ? Difficile de répondre à toutes les interrogations qui entourent ce sujet, néanmoins, cette nouvelle ère est la promesse de nombreux changements.